Les PMU sont nos bistrots de quartier, nos bars de village, nos bureaux de tabac. Ces lieux se réinventent peu à peu en espaces plus urbains et modernes. Mais cette transformation ne se fait-elle pas au détriment de la clientèle traditionnelle, qui peut se sentir exclue de ces nouveaux espaces ? Ces établissements parviennent-ils à maintenir un équilibre entre modernité et authenticité sans perdre leur essence historique?
Le Fooding prépare un guide des meilleurs PMU de France, tandis que le PMU a lancé une nouvelle gamme de Paris Mutuels Urbains, plus actuelle. Dans le 11ᵉ arrondissement, un nouvel exemple de cette évolution a vu le jour cet été avec Le Cornichon, un bar-restaurant-FDJ au style branché, attirant une clientèle jeune.
En adoptant des noms évocateurs et des décors modernes, la transformation des PMU (Pari Mutuel Urbain) en France, et en particulier leur métamorphose en lieux branchés, s’inscrit dans une tendance plus large de réinvention des espaces traditionnels. L’objectif : capitaliser sur l’aspect nostalgique et authentique des PMU tout en offrant des produits et une ambiance contemporaine. Les nouveaux PMU arborent des chaises de bistrot, des tables en fonte, des teintes de vert profond et des banquettes en velours, créant un cadre qui attire une clientèle qui n’aurait pas fréquenté un PMU classique.
En s'inspirant des codes de l'ancien, Le Cornichon reprend l’esprit des PMU traditionnels (chaises en formica, flipper, comptoir inox) en version neuve, visant une clientèle plus jeune et urbaine. Historiquement, les PMU étaient fréquentés par des hommes plus âgés, souvent attirés par les paris hippiques dans une ambiance codifiée et modeste. Cependant, la baisse des parieurs physiques et l'essor des paris en ligne ont entraîné une transformation profonde de ces lieux, qui adoptent désormais les codes des cafés et bar branchés pour rester attractifs.
L’objectif affiché derrière ces nouveaux PMU est de répondre à la baisse de fréquentation et d’attractivité tout en maintenant le lien social et en préservant l’art de vivre à la française. Selon la directrice générale du PMU, ces espaces sont des lieux « élégants et conviviaux » où l’on peut jouer et prendre le temps de vivre à la française, en conversant avec ses voisins. Mais cette authenticité n’est-elle pas insufflée par le patron et les habitués eux-mêmes ? Ne sont-ils pas l’âme de ces lieux ? Comment les retrouver s’ils sont remplacés par une clientèle plus jeune, moins encline aux conversations de comptoir et plus alerte à la consommation d’alcool et aux jeux de grattage ?
Y aurait-il une manière de contourner cette transformation en l’accompagnant à travers le service, les prix et l’intégration de ces lieux dans le quartier ? C’est certain. L’atout FDJ peut justement être souligné et célébré lors du passage en caisse au bar, avec la personnalité d’un patron de bar, qui, pendant la queue interminable, parle fort et vend ses tickets à la voix. C’est cet esprit qu’on recherche. Il peut également être retranscrit dans un service client aimable, qui nourrit l’envie d’échange. L’échange et la reconnaissance du client sont des atouts qui font le PMU et qui sont facilement transposables dans le service.
L’accessibilité des prix dans ces lieux est essentielle, mais peut-être ceux-ci pourraient-ils être ajustés selon les heures de la journée pour mieux correspondre aux attentes des clients. Ces lieux doivent également s’ancrer dans une vraie vie de quartier afin de retrouver cet esprit communautaire, si unique au PMU.
Le PMU, historiquement un lieu de brassage social, voit aujourd'hui sa mixité remise en question, l’éloignant de sa vocation première et de sa clientèle historique. Le défi sera de maintenir un équilibre entre modernité et authenticité en consolidant les piliers de l’échange, du service aimable, enjoué et accessible, et d’un vrai esprit de communauté, sans perdre l’essence historique du PMU.